LE CHAR PROCESSIONNEL DE LA COTE-SAINT-ANDRÉ
(Isère)
Par Gabriel Ghapotat
II s'agit de quatre roues en bronze, d'un seau et d'un bassin de même métal, exhumés en 1888 à La Côte-Saint-André (Isère), entre Rhône et Alpes, au milieu de la plaine de la Bièvre-Valloire, très connue elle-même du géologue et du géographe puisqu'elle résulte du creusement et de l'alluvionnement d'une difluence de l'ancien glacier de l'Isère, et qu'elle a toujours facilité le passage et l'habitat (fig. la). L'événement s'est déroulé de manière fortuite, et les objets ont été déposés l'année suivante au Musée de Lyon. En vérité le char de La Côte-Saint-André n'a jamais attiré l'attention, bien que les roues fussent exposées et que la nouvelle de la découverte eût de zélés propagateurs. Le premier à l'annoncer est A. de Barthélémy en lisant, au cours de la séance du 27 février 1889 de la Société nationale des Antiquaires de France, une brève communication d'une quinzaine de lignes rédigée par le Dr. Reboud. Dans les annales régionales Philibert Chanliaux, l'Abbé Lagier et Abel Gueyffier, Ernest Chantre, et plus près de nous Jean Imbert et Henry Cucherat en parlent successivement1. Philibert Chanliaux et Ernest Chantre indiquent même qu'une trouvaille comparable a été faite antérieurement près de Crémieu, dans « les molards du Verna » ou « la nécropole de Leyrieux », ce qui a toujours paru très improbable2. Quant à Joseph Déchelette, il donne de cet ensemble une description précise, accompagnée de deux figures, pour se livrer ensuite à des réflexions d'une grande portée
(1) Barthélémy (A. de), au nom du Dr. Reboud, Découverte d'un char antique près de La Côte-Sainl-André, dans Bull. Soc. nat. Antiq. Fr., 1889, p. 101 ; Chanliaux (Philibert), Les Antiquités de l'Allobrogie, à travers le Dauphiné, de Vienne à la Grande Chartreuse, Lyon, A. Cote, 1890, pp. 1-49 (chapitre intitulé : quatre roues de bronze d'un char de guerre gaulois trouvées à La Côte-Saint-André), et pp. 221-222 ; Lagier (Abbé), et Gueyffier (Abel), La Baron- nerie de Bressieux, dans Bull. d'Hisl. eccl. et d'arch. relig. des Dioc. de Valence, Gap, Grenoble et Viviers, 16, 1896, p. 97 ; Chantre (Ernest), Les nécropoles gauloises du Bas-Dauphiné, Leyrieux, Rives et Gênas, dans C.B. de VAcad. des Insc. et B. Lettres, 4e série, XXVII, 1899, pp. 768-771 ; Imbert (Jean), Histoire de La Côte-Saini-André, A. Marmonnier, La Côte-Saint-André, 1944, pp. 17-18; Cucherat (Henry), Une intéressante trouvaille dauphinoise peu connue: le char de bronze de Saint-Siméon-de-Bressieux, dans Évocations, Bull. mens, du Groupe d'ét. hist., géog. et folk, du Bas- Dauphiné, V, 1949, pp. 407-409.
(2) Une visite au château de Verna nous a permis de retrouver le matériel habituel des sépultures de La Tène, de même que l'emplacement de la nécropole ; nous publierons une étude à ce sujet ; ce qui peut être attribué à un char (bronze et fer) n'offre rien de commun avec la trouvaille de La Côte Saint-André. En outre la chaînette en fer trouvée en Dauphiné à laquelle Ernest Chantre fait allusion (même référence : nécropole de Rives, chaînette d'un timon de char) est un ceinturon (notes de Muller, Hippolyte, dans Bull. Soc. Dauph. d'Elhn. et d'Anthr., XX, 1913, pp. 111-112).
